Pour dépasser les troubles relationnels et de la communication, l’activité artistique peut s’avérer utile, comme en témoigne une spécialiste.
Quand elle parle des jeunes enfants, Hélène Soulingeas ne s'y trompe pas. En dix-sept ans d'exercice, l'institutrice de Vignols a eu tout le loisir d'observer ses élèves de maternelle. Et de constater, notamment, l'attrait des tout-petits pour les domaines liés à l'art. « Avant 6 ans, les enfants sont très libres et imaginatifs. Ils n'ont pas tous les filtres que nous pouvons avoir ».
Pour l'enseignante, récemment diplômée en art-thérapie, l'expression créative est donc un outil pédagogique essentiel, notamment dans les cas d'enfants en souffrance. « Face à un mal-être, à un blocage relationnel (difficulté scolaire, addiction, traumatisme, précocité intellectuelle…), les parents sont parfois démunis. Et l'idée de consulter un psychologue continue de faire peur ».
L'art pour rétablir l'amour de soi
L'art-thérapie peut alors s'avérer très utile. Si elle ne prétend pas guérir, cette discipline paramédicale se présente comme un soutien, un vecteur indirect de guérison. Car la prise en charge de l'enfant doit, au fil des séances, améliorer son estime personnelle, sa motivation, sa capacité à prendre des décisions, en un mot son plaisir existentiel.
Retrouver « l'envie de » demande du temps et nécessite un protocole de soins spécifique, élaboré par l'art-thérapeute lors des premières séances. « L'accompagnement entre dans un processus global, un cheminement progressif. La priorité, c'est d'établir une relation de confiance, de poser clairement les règles du suivi, afin que chacun sache ce qu'il peut attendre et espérer de l'autre ».
Une activité adaptée à une personnalité
Comprendre le patient, découvrir ses goûts et l'orienter vers une activité artistique adaptée à sa personnalité : tel est le rôle du thérapeute en début de rencontre. Arts plastiques, mimes, théâtre, chant, vidéo, lecture, photographie, le choix, vaste, est malgré tout encadré. « J'ai travaillé en milieu stérile, où il était impossible d'introduire des objets extérieurs. J'ai donc imaginé des ateliers de danse, d'origami, de sculpture avec du papier », illustre Hélène Soulingeas.
Travailler avec des équipes médicales
Des ateliers qui dépassent largement la simple animation ludique, visant, par définition, à « ouvrir un espace d'expression personnelle » propice à la revalorisation. L'intention du patient (« J'ai envie de dessiner »), son activité de production et son désir de présenter son œuvre au public, tout est objet d'échange, d'observation et d'évaluation. « Nous travaillons de pair avec l'équipe médicale. Il est essentiel de quantifier les progrès de l'enfant, d'en rendre compte à ceux qui le suivent, à commencer par ses parents ».
Autre outil d'appréciation, et non des moindres, le regard du patient sur son propre travail. Est-il source de plaisir, de satisfaction ? Est-il agréable à réaliser, beau à regarder, bien exécuté ? Toute réponse affirmative, ou « gratification des sens », dénote une avancée de l'enfant vers un mieux-être. Avec, pour but ultime, l'espoir de l'entendre dire « Je suis capable de faire ça ! », signe d'un amour de soi retrouvé.
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